Il semblerait que l'état des travaux aie soudainement progressé sur le chantier de la maison. Nous avons en effet reçu des nouvelles de la part du responsable des travaux. Il nous affirme que les fermetures ont maintenant été posées. C'est-à-dire les fenêtres et les portes. C'est une merveilleuse nouvelle, inutile de le nier! Mais n'avons pas encore pu constater la chose de visu. Nous devons donc nous fier à notre interlocuteur, mais ce dernier n'a aucune raison de nous conter des fredaines.

Cependant, cette avancée imprévue et réalisée dans la plus grande discrétion nous offre l'occasion de continuer à filer notre métaphore favorite... Si vous êtes professeur, sans doute avez-vous déjà vu un élève décrocheur ou souvent absent qui revient subitement en classe? Il entre sans se faire remarquer, en tentant de se faire le plus discret possible, et il s'assoit à sa place en tentant de se donner l'air de celui qui n'est jamais parti.

C'est un peu l'impression qu'on a, du coup, avec les menuisiers! On les attend, on ne reçoit aucune nouvelle, on a l'impression qu'ils ne vont jamais revenir et hop! On apprend leur présence une fois le travail fini, comme si on s'aperçoit du retour d'un élève en corrigeant les copies! Les menuisiers se sont déguisés en courants d'air, mais nous n'allons tout de même pas nous plaindre. Nous sommes trop contents d'apprendre la pose des fermetures! Enfin! Il était temps, tout de même.

Finalement, il nous faut admettre que nous n'avions pas encore atteint la limite des analogies entre la vie scolaire et le chantier de construction de notre maison. Nous n'allons donc pas cesser tout de suite, à notre plus grand bonheur! (et j'espère au vôtre aussi). Il arrive toujours de ces événements qui ne sont drôles en rien mais qui, de part l'analogie qu'ils nous rappellent, se révèlent finalement assez cocasses à leur manière.

En effet, les menuisiers ne sont pas intervenus sur notre chantier à la date prévue, comme ils l'auraient du. Ils nous ont (devinez quoi?) fait parvenir un message par l'intermédiaire du responsable du chantier. Un message qui, croyez-le ou non, nous annonçait leur retard d'au moins une demi-semaine. Nous aurions tout à fait cru lire le billet d'absence d'un élève! Heureusement que les aléas qui rythment la vie scolaire, bien que présents à leur façon sur un chantier de construction, se produisent néanmoins moins fréquemment. Car des billets d'absence, à l'école, c'est presque tous les jours!

En tout cas, trêve de plaisanterie, nous sommes quand même assez déçus du retard sur le chantier. En même temps, si nous y réfléchissons de manière rationnelle sans nous arrêter au mot «retard», cela ne retarde le tout que de quelques jours, et ce n'est absolument rien à l'échelle du temps de construction d'une maison.

Comme vous avez du le remarquer, j'aime bien faire des comparaisons entre mon métier et la construction de notre maison. Il faut dire que cela me distrait, me fait sourire, fait sourire ma femme, et nous permet de rester calmes et positifs. Quand on a des soucis, il vaut toujours mieux en rire! Encore que soucis ne soit pas le mot pour le moment, mais j'ai une petite comparaison pour vous faire sourire.

Nous avons parlé de devoir de vacances, de séances de rattrapage... Mais il y a quelques choses que nous ne voyons jamais dans l’Éducation Nationale. (Il faudrait peut-être y songer, je suis certain qu'il y aurait beaucoup de demandes!). C'est le rattrapage d'un élève par un autre élève. Un élève rate son cours ou prends du retard, c'est un autre qui refait l'examen ou récupère le retard. Il faudrait y penser n'est-ce pas?

En tout cas, sur le chantier, ça existe. Nous assistons présentement au rattrapage du retard des maçons par les charpentiers. Les maçons ont tardé démesurément, les pauvres charpentiers eux, se sont donnés à fond pour tout finir le plus rapidement possible. Je ne sais pas si cela leur a été demandé, ou s'ils étaient simplement très motivés. Je crois que j'atteins aujourd'hui la limite possible à mes analogies élèves-artisans, mais toujours est-il que nous avons désormais un toit sur la tête (façon de parler, nous n'irons pas nous installer dans cette maison avant qu'elle ne soit achevée de la cave au grenier!). Bientôt, les fenêtres seront posées, les portes aussi, et nous sommes impatients de voir cela!

Voilà, le mystère est levé concernant les possibles séances de rattrapage demandées aux maçons! Ce n'était pas le cas. Il n'y a pas eut de séance de rattrapage, malheureusement, c'était plutôt l'autre option : les devoirs de vacances! J'en suis persuadé maintenant. En effet, rien ne s'est passé sur notre chantier depuis la fin de la construction des murs par les maçons! Ni une brique de plus de posée, ni le moindre linteaux, la moindre pièce de bois, enfin, rien.

J'avais plaisanté avec le responsable du chantier concernant ces fameuses séances de rattrapage, comme j'en donne à mes étudiants. Il m'avait expliqué qu'un délai de plusieurs semaines était prévu entre la fin des travaux de maçonnerie et le début de la réalisation de la charpente et de la toiture. J'aurais du comprendre par là qu'il s'agissait des devoirs de vacances, ainsi je ne me verrais pas à ce point frappé par la désillusion présentement.

Malheureusement, il semble que les vacances des ouvriers ne soient pas terminées, et qu'il n'y a plus de devoir prévu. Bon trêve de plaisanterie, je suis parfaitement conscient qu'il faut attendre maintenant que tout soit parfaitement sec. Simplement, j'aurais préféré qu'on aille pas autant à attendre AVANT la construction des murs. Mais que faire, sinon attendre? Il ne faut pas perdre espoir, tout ceci sera assurément terminé avant que l'on ne s'en aperçoive. Patience!

J'ai présentement plusieurs raisons de m'interroger. Je fais des liens entre le système scolaire et la construction d'une maison. Je sais, je sais, il s'agit d'une bien curieuse réflexion, mais je m'explique : Je crois bien que les ouvriers ont parfois ce qui pourrait s'apparenter à des devoirs de vacances, ou à des séances de rattrapage, tout comme les étudiants. En effet, les maçons ont construit les murs de notre maison tellement rapidement, au-delà du naturel je vous l'assure, que je pense bien qu'ils avaient pris du retard et avaient l'obligation de le combler! Sérieusement, ils ont tout construit en moins de quatre jours, avez-vous déjà entendu parler d'une chose pareille?

Trêve de plaisanterie. Nous avons appris différentes choses depuis le début du chantier. En particulier, nous savons en présent qu'en maçonnerie, dans le domaine de la construction des maisons individuelles, et non pas des immeubles résidentielles ou autres bâtiments publiques, le gros œuvre est une étape très rapide à réaliser. D'où les murs construits en quelques jours à peine. Ce qui rallonge en fait les délais de la construction, ce sont les nombreuses périodes de séchage, obligatoires pour la bonne tenue de la maison.

En tout état de cause, les murs sont désormais construits. Ils sont en train de sécher, et nous attendons avec une impatience non dissimulée la suite des opérations. Croyez-moi, nul ne saurait être plus impatient que mon épouse et moi-même le sommes! Cette maison représente un rêve, et je dois avouer que je me fustige souvent pour ma distraction récurrente pendant les heures de classe, lorsque je pense à notre future demeure.